L'Histoire de la création du show - De l'écran à la scène
"Les gens qui ont travaillé sur le canevas, c'est à dire la texture du Roi Lion me sont très chers, dit Thomas Schumacher. En grande partie, car personne ne sait qu'ils sont derrière ce résultat: l'animation, le théâtre sont par bien des aspects, des arts de l'ombre en cela que les gens qui ont tant contribué sont méconnus ou invisibles."
À l'origine du Roi Lion, il y avait une idée de film au sein des Studios Walt Disney, un conte animalier intitulé Le Roi de la Jungle dont la trame était une quête d'identité. Ce n'était pas un film musical mais plutôt une variation entre un hommage africain à Bambi et un hors-série animé de National Geographic. Sa forme, son style, sa tonalité, son design et sa sonorité n'étaient qu'embryonnaires.
Le président des Studios Disney d'alors, Peter Schneider, appela son complice de longue date, Thomas Schumacher qui venait de produire Bernard et Bianca au pays des kangourous pour qu'il s'empare de ce projet enthousiasmant. "Durant les quatre années qui suivirent, littéralement des centaines de gens talentueux travaillèrent sur le projet, se souvient Thomas Schumacher. Parmi ceux-ci, notoirement, Rob Minkoff et Roger Allers; Dan Hahn, qui me remplaça comme producteur lorsque je devins producteur exécutif; les concepteurs de l'histoire, emmenés par Brenda Chapman, les scénaristes, Jonathan Roberts, Irene Mecchi et Linda Woolverton; ainsi que les formidables mélodies et paroles créées par Hans Zimmer. Elton John, Tim Rice, Mark Mancina et Lebo M."
Chaque nouvelle arrivée au sein de l'équipe créative apporta son lot d'idées et de nouveaux éléments, et on trouva même un nouveau titre Le Roi Lion.
Sorti sur les écrans en 1994, le film devint l'un des plus grands succès de l'histoire; il remporta des Academy Awards, Golden Globes et Grammy Awards. La bande son obtint le grade de Diamant (dix fois le platinum) et il y eut 44 traductions dans le monde, dont le Zoulou.
La même année, Le Roi Lion devint un phénomène culturel mondial; Disney était alors en train de lancer La Belle et la Bête sur Broadway, leur première comédie musicale, qui se plaça en tête des musicals de Broadway.
C'est Michael Eisner, en réalité, qui eut l'idée d'adapter Le Roi Lion pour la scène, se rappelle Tim Rice, Michael Eisner alla trouver Peter Schneider et Thomas Schumacher et leur confia le soin de trouver la façon de faire cette transposition scénique.
Comment pouvait-on restituer la majesté de la savane sur scène ? Comment représenter des douzaines d'animaux, d'oiseaux, de poissons, plantes et insectes - tout un univers; de la fourmi à l'éléphant de telle façon que le public ne fasse pas immédiatement la comparaison avec le film, avec des a priori négatifs ? Comment rendre les scènes aussi cruciales que la fuite de la horde d'animaux ou les cascades tonitruantes? En dépit des fortes réserves, Eisner persista.
Tim Rice dit, en souriant: "Je pense qu'ils ont dû dire qu'ils avaient trouvé comment le faire."
"On dit qu'à Hollywood, tout ce dont on a besoin, c'est d'une grande bonne idée, dit Schumacher. J'ai eu cette grande idée: Julie Taymor."
Julie Taymor s'était construite une réputation formidable qui faisait d'elle, l'une des metteures en scène les plus inspirantes, connue pour des opéras, des contes classiques, des fables, en utilisant différentes techniques comme les masques, les marionnettes et une imagerie scénique de grande envergure. Elle n'avait jamais mis en scène de comédie musicale conventionnelle sur Broadway. Elle n'avait même pas vu Le Roi Lion.
Taymor se rappelle: S'ils m'avaient dit qu'ils ne voulaient pas de mon style, ou de ce que je pouvais apporter de personnel, j'aurais hésité. Mais il n'en a pas été question. Pourquoi étaient-ils venus me trouver ? Je n'étais pas si réputée je n'avais pas à mon actif de réussite commerciale; donc si on était venu me chercher, c'est forcément qu'il y avait quelque chose qu'ils estimaient que je pouvais offrir. Ils me dirent: "Voyons si on peut combiner ces deux univers - et ce qui va en résulter". Schumacher lui envoya le long-métrage, la bande son ainsi qu'un autre enregistrement Rythm of the Pridelands qui constituait une extension de la bande originale imaginée par Mark Mancina, Jay Rifkin, Hans Zimmer, John Van Tongeren et Lebo M.
La connexion avec le matériau se fit immédiatement. Outre l'histoire intemporelle du film, elle était enthousiasmée par le projet. "Je savourais la chance que j'avais de faire une adaptation sur scène, raconte-t-elle. Cette combinaison de drame et d'émotions, la possibilité de créer une musique originale et la démesure du projet dans son ensemble avaient tout pour me séduire"
Afin d'étudier comment développer l'histoire pour une adaptation scénique, Julie Taymor se rapprocha des librettistes Roger Allers et Irène Mecchi. Ensemble, ils allaient muscler l'itinérance de Simba, donner plus de consistance au personnage de Nala, faire de Rafiki le narrateur de l'histoire, tout en la transformant en une femelle singe et non plus un mâle afin d'ajouter un autre personnage féminin d'envergure dans l'histoire.
Taymor réunît une équipe créative internationale: le scénographe Richard Hudson un Britannique élevé au Zimbabwe - pour relever l'immense défi de retranscrire l'Afrique sur scène; Gareth Fagan, un chorégraphe jamaicain au succès mondial, pour travailler le mouvement des lionnes, des hyènes et des fauves, l'Américain Donald Holder pour recréer l'intensité lumineuse de la savane, le Britannique Michael Ward pour imaginer les coiffures et les maquillages afin de rendre l'esprit de l'Afrique et donner leur caractère aux animaux, et son partenaire régulier, Michael Curry pour la seconder dans la création des masques et des marionnettes.
La musique, déjà si essentielle pour le film, devait gagner encore en importance pour l'adaptation scénique. Tim Rice se souvient: D'un côté, il y avait Elton et moi pour écrire la partie pop de la musique du spectacle. À l'autre bout du spectre musical, il y avait Lebo M qui composait tous les rythmes et chants sud-africains. Et puis il y avait Hans Zimmer et Mark Mancina qui composaient tout le reste, ce qui faisait le lien entre la pop et les musiques africaines et leur permettaient de cohabiter dans un ensemble harmonieux..
L'idée conceptuelle de Julie Taymor pour la production était d'avoir recours à des textures, motifs, langages et musiques africaines pour donner sa colonne vertébrale au spectacle. Mais elle utiliserait également des techniques théâtrales, des traditions et des usages du mande entier - d'Asie, d'Europe, des Amériques, du Pacifique aussi bien que d'Afrique pour coriférer au spectacle sa portée universelle. L'élément majeur dans la conception était que les comédiens ne seraient pas cachés par leur costume. Les mécanismes seraient toujours en vue. Cette intention, c'est ce qu'elle nomma un « événement double conduisant le public à identifier l'animal mais à ne jamais perdre de vue que l'histoire avait une dimension humaine et une portée humaniste.
Schumacher conclut: "La puissance du Roi Lion réside dans son humanité. Ironiquement, c'est une histoire dont l'homme est absent mais sa force vient réellement de tous ces gens qui ont travaillé sur ce projet. Ils sont rarement reconnus, mais je le rappelle toujours, c'est à eux qu'on doit cela."
HANS ZIMMER MARK MANCINA
Tous deux compositeurs mondialement reconnus, Hans et Mark travaillèrent de concert sur le long-métrage du Roi Lion- Zimmer comme compositeur des mélodies de la bande originale, récompensée par les Grammy Awards, tandis que Mancina en fût l'arrangeur et le producteur.
Ils travaillèrent tous deux à la version scénique du Roi Lion, Mancina produisant également l'enregistrement de la troupe et composant des musiques additionnelles.